Grèce : Texte pour le procès en appel de l’affaire de Velvento

Notre procès en appel pour l’affaire de Velvento a été fixé au 20 avril 2016 à la prison pour femmes de Korydallos [1].La sentence du jugement en première instance a été donnée un an et demi plus tôt, en octobre 2014, nous avons été condamnés pour la double expropriation(une Banque Agricole et La Poste) qui a eu lieu en février 2013 dans le village de Velvento.

Le déroulement du procès en première instance fut pour nous une période où nous avons de nouveau pu ne faire qu’un avec le monde de la lutte. Pendant les quelques heures que durait chaque session, nous avons pu échapper au monde asphyxiant de la prison et ressentir la force substantielle de la solidarité. La présence continue de compagnons solidaires au procès fut pour nous la confirmation que même au sein d’un environnement hostile, avec le poids particulier des symbolismes du pouvoir qu’il impose brutalement, aucun compagnon n’est seul.

Après une procédure qui a ainsi duré un an, la cour nous a retiré les charges de participation à l’organisation de la Conspiration des Cellules de Feu et nous a infligé des peines de 16 années de prison ferme à cinq d’entre-nous et 11 années à Dimitris Politis pour complicité directe.

Mais puisque désormais nous ne sommes plus accusés sous l’article 187a [2] pour organisation “terroriste”, le procureur du tribunal d’appel Gerakis a décidé de nous renvoyer devant la même cour qui jugera les procès en appel de la CCF. C’est-à-dire les affaires de Chalandri [3], des colis piégés, du dossier des arrestations à Volos en 2011 [4], de la confrontation armée de Pefki [5]Qui a mené , ainsi que du dossier des arrestations des compagnons A. Mitroussias, G. Karagiannidis, K. Sakkas et S. Antoniou.

En peu de mots, G. Gerakis renvoie à un procès en appel, le 20 avril, avec cinq dossiers d’accusations différents.

Pour nous, la démarche derrière ce choix du procureur en appel est claire, il s’agit d’une tentative de plus de la part du pouvoir de maintenir aussi longtemps que possible en prison les anarchistes en lutte, quelle que soit la peine qu’ils mangent.

Ce qui est tenté en pratique est ainsi de faire un procès en appel qui, à cause du volume des affaires, va durer au moins deux ans, avec pour conséquence que nous allons accomplir le tiers de notre peine en première instance avant la fin de notre procès en appel.

Dans le fond, ils cherchent à éviter par ce biais là tous les avantages que pourrait avoir pour nous un procès en appel, en exploitant bien entendu l’élasticité du système judiciaire. Un système découpé et recousu sur mesure pour la classe dominante, avec pour but, d’un côté, de protéger l’élite politique et économique, et de l’autre, d’anéantir les individus que les conditions de survie conduisent à la transgression.

En tant qu’anarchistes, nous avons bien sûr une position très claire quant à la justice bourgeoise et nous serons toujours ennemis de ce système et des sbires qui le servent. C’est pour cela que nous faisons connaître cette démarche et démontrons comment une fois de plus le pouvoir tente d’anéantir tous ceux qui résistent et contre-attaquent face à la violence qu’il exerce.

Nous ne faisons pas là de dénonciation, nous clarifions simplement qu’aucune méthode, prison ou magistrat ne peut nous mettre à genoux et nous faire oublier les raisons qui nous ont amenées là où nous sommes aujourd’hui.

Jusqu’à la destruction de la dernière des prisons.

Giannis Michailidis
Andreas-Dimitris Bourzoukos
Nikos Romanos
Dimitris Politis
Foivos Charisis
Argyris Dalios

Notes

[1C’est dans la prison pour femmes de Korydallos à Athènes que se tient le tribunal spécial. Y sont jugées les affaires de la CCF, de Velvento, de Lutte Révolutionnaire ou encore d’Aube Dorée.

[2L’article 187a du code pénal grec correspond à la législation antiterroriste. Pour plus de détails voircette déclaration d’Andreas-Dimitris Bourzoukos au procès de Velvento.

[3Dossier contre les compagnons Bourzoukos, Sakkas et Romanos.

[4Opération de la police anti-terroriste contre la CCF.

[5Fusillade qui a eu lieu le 18 mai 2011, dans laquelle deux flics ont été blessés, un compagnon a réussi à s’échapper tandis qu’un autre, Theofilos Mavropoulos (CCF), est blessé par balle et arrêté.

source: non-fides.fr/